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Fable de Bora

Le case et le triangle

Tranquillement nous roulions dans notre petite voiture,
A la recherche de canons de guerre, assoiffés de culture.

En haut d’une colline, nous vîmes un inespéré panonceau,
Et je mis immédiatement notre brave monture au repos.

A peine le frein à main relevé,
qu’un case passa après nous, tout essoufflé.

Son chauffeur estima mal sa hauteur altimétrique,
Et le mastodonte de métal s’empêtra dans des câbles électriques.

Bim! Boum ! Le choc fut si violent,
Que le poteau EDT était devenu tout branlant.

Tous les câbles furent retirés à la va-vite,
Et nous vîmes trois bélîtres prendre la fuite.

Interloqués, nous appelâmes l’équipement,
Et une dame nous répondit qu’ils arriveraient prestement.

Ceci achevé, nous allions partir à l’aventure,
Mais ma satanée conscience retint notre allure.

Elle me dit : Vil tabellion,
Voudrais-tu être responsable d’un malheureux accident ?

Assourdi par cette remontrance, je sortis un triangle de sécurité,
Car il est vrai, qu’au-dessus de la route, les fils dangereusement pendouillaient.

Après une heure d’une agréable randonnée, nous revînmes sur les lieux :
L’équipement n’était pas passé, et mon trigone avait fait ses adieux.

Dans aucune station, chez nul commerçant,
Je ne pus trouver un triangle de substitution.

Par conséquent, chez le loueur de voitures je dus,
Rembourser le précieux bien que j’avais perdu.

Moralité : Quand on veut bien faire,
il faudra parfois sa bourse soustraire,
Il conviendra de n’attendre ni gratitude, ni remerciement,
Seul le devoir accompli tiendra lieu de rémunération.